• Un ouvrage pour saisir la portée des travaux d'Einstein et de Poincaré en relativité

     

     

    Synopsis :

     

     

    Albert Einstein était un praticien de la physique qui tra­vaillait au Bureau des brevets de Berne en un moment où les ingénieurs cherchaient à synchroniser toutes les horloges de Suisse. Henri Poincaré était, lui aussi, un praticien que son poste au Bureau des longitudes obligeait à réfléchir sur la simultanéité temporelle en deux points éloignés. Ainsi commença, au croisement de la physique, de la philosophie et de la technologie, la révolution de la relativité. L'un et l'autre avaient compris que pour appréhender le monde global, il fallait déterminer s'il existait un temps pur ou si le temps était relatif. A leurs postes, et à ce moment précis de l'histoire industrielle, tous deux étaient idéalement placés pour remettre en cause les conceptions anciennes du temps et de l'espace.

    Peter Galison démontre avec une remarquable clarté combien les objectifs industriels ont enrichi non seulement la science mais aussi la philosophie. La recherche fondamentale peut-elle dès lors vivre sans la recherche appliquée ?

     

     

     

     

     

     Extrait :

     

     La synchronie

     

     

    Les horloges ordinaires ne sauraient indiquer le temps «vrai». Newton en était convaincu. Le chef-d'oeuvre d'un maître horloger ne peut donner qu'un pâle reflet de ce temps absolu qui n'appartient pas au monde humain mais au sensorium* Dei, à l'âme divine. Marées, planètes ou lunes, tout ce qui se déplace ou se transforme dans l'univers, pensait Newton, le fait dans l'écoulement universel d'un unique fleuve du temps. Dans l'univers électrotechnique d'Einstein, nulle place pour ce tic-tac universellement audible que nous appelons le temps, et impossible d'en donner une claire définition sans se référer à un système spécifique d'horloges coordonnées. Le temps s'écoule à des rythmes différents pour des systèmes d'horloges en mouvement l'un par rapport à l'autre : deux événements simultanés pour un ob­servateur au repos ne le sont plus pour un observateur qui se déplace. «Les temps» se substituent «au temps». Ce retournement de situation a lézardé les solides fondations de la physique newtonienne.

    Einstein en était conscient. Au soir de sa vie, il inséra dans ses notes autobiographiques une apostrophe très intime destinée à Sir Isaac, comme si les siècles qui les séparaient s'étaient évanouis : «Newton, pardonne-moi [Newton, verzeih' mir'] même pour un homme doué de ton incomparable puissance de réflexion et de création, il n'y avait à ton époque qu'une seule voie possible ; tu l'as trouvée*», écrivait-il en une réflexion rétrospective sur les dommages irréversibles infligés aux notions de temps et d'espace absolus par la théorie de la relativité.

    Une idée extraordinaire et néanmoins facile à énoncer, devenue depuis le pivot de la physique, de la philosophie et de la technologie, fonde ce bouleversement : dès qu'il est question de temps, de simul­tanéité à distance, il vous faut synchroniser vos hor­loges. Et pour synchroniser deux horloges, vous devez commencer par l'une, envoyer un signal à l'autre, et ajuster celle-ci en tenant compte du temps que met le signal à arriver. Quoi de plus simple ? C'est pourtant cette définition opérationnelle du temps, la mise en place de cette dernière pièce du puzzle de la relativité, qui a transformé la physique à jamais.

     

     

     

     

     

     Auteur :  Peter Galison

    Titre :  L'empire du temps : Les horloges d'Einstein et les cartes de Poincaré

    Poche :. 480 pages

    Editeur :  Folio (7 septembre 2006)

     

     

     


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