• Narmer, le premier pharaon d'Egypte

    Narmer est représenté portant la couronne rouge de Basse-Egypte et observant ses ennemis vaincus sur la palette de Narmer, qui date d'environ 3100 avant notre ère et est conservée au Musée égyptien du Caire.

    PHOTOGRAPHIE DE SCALA, FLORENCE

     

     

     

    Il y a 5 000 ans, l'Egypte était divisée en deux terres distinctes jusqu'à ce que Narmer, un roi ambitieux, décide de les unifier et de créer ainsi le premier grand Etat territorial du monde.   

     

     

    Il y a 5 000 ans, l’Egypte n’était pas une nation unique, du moins pas telle qu’elle existe aujourd’hui. Depuis des milliers d’années, le territoire était divisé en deux terres : la Haute-Egypte au sud, et la Basse-Egypte au nord. Des inscriptions millénaires sur des céramiques et des illustrations de dirigeants de chaque royaume montrent deux entités distinctes avec des traditions différentes

     Avant leur unification, les œuvres représentant des rois montraient des traditions vestimentaires différentes. Les souverains de Haute-Egypte portaient une grande couronne blanche appelée hedjet, tandis qu’en Basse-Egypte, les rois portaient une couronne rouge plus courte appelée deshret. Vers 3100 avant notre ère, un roi de Haute-Egypte, connu sous le nom de Narmer, décida de changer tout cela. En incorporant les terres situées à l’ouest de la région fertile et triangulaire du delta du Nil dans son propre royaume, qui s’étendait alors sur la luxuriante vallée du Nil au sud (qui correspondrait actuellement à la zone qui s’étend du Caire au lac Nasser), il créa une Egypte unifiée : le premier grand Etat territorial du monde.

    L’union des Deux Terres marqua non seulement les débuts d’un Etat politique, mais aussi les origines d’un grand Etat culturel. Avec Narmer, l’Egypte commença à développer son propre style visuel, qui demeura à travers les âges, à mesure que l’iconographie et les symboles adoptés par Narmer et ses successeurs s’imposaient. Ces symboles devinrent des outils que les pharaons, tels que Khufu, Hatchepsout ou encore Ptolémée XII, utilisèrent pour communiquer le pouvoir, la force et l’unité pendant des millénaires.

     

     

     

     

     

     Qui était le premier pharaon ?

     

    Le dieu faucon Horus se perche au-dessus des glyphes qui composent le nom de Narmer : le poisson-chat (nar) et le ciseau (mer), sur un serekh d'une jarre en pierre datant de 2500 avant notre ère, et provenant d'Abydos.

    PHOTOGRAPHIE DE ALAMY, ACI



     

     Le nom de Narmer est inscrit sur les deux côtés de la palette : une combinaison des symboles du poisson-chat (nar) et des ciseaux (mer) apparaît en haut de l’objet. Cependant, les premiers égyptologues n’étaient pas certains qu’il était réellement le tout premier pharaon. Les documents royaux de son époque sont rares, et beaucoup de ceux que nous avons sont incomplets. S’il existe plusieurs « listes des rois » qui consignent les noms des pharaons et de leurs successeurs, les listes intactes qui remontent jusqu’à la période thinite sont peu nombreuses.

    Deux des plus importantes furent découvertes au Caire dans les années 1980 par des chercheurs de l’Institut archéologique allemand. Ils trouvèrent deux empreintes de sceaux-cylindres dans la tombe du pharaon Den. Ces sceaux, qui constituent les plus anciennes listes de rois documentées à ce jour, énumèrent les souverains et les successeurs de la Ire dynastie. L’un des sceaux date du milieu de la Ire dynastie et nomme six souverains, et l’autre s’approcherait davantage de la fin de la Ire dynastie, et nomme huit dirigeants. Les deux listes commencent par Narmer. 

     Ce sont les listes royales créées des millénaires plus tard, au cours du Nouvel Empire, qui sont à l’origine de la confusion. L’une des plus complètes est la liste d’Abydos, gravée sur le mur du temple mortuaire de Séthi Ier (13e siècle avant notre ère). Gravés sur le mur, Séthi et son héritier, Ramsès (le futur Ramsès II), font face à des rangées de cartouches portant les noms des anciens pharaons d’Egypte. Sur cette liste, le premier roi cité est Ménès, et non Narmer.

     

     

     

    Le grand temple mortuaire de Séthi Ier à Abydos comprend un passage, dont l'un des murs affiche une liste de soixante-seize noms de pharaons (la liste des rois d'Abydos). Ménès figure en premier.

    PHOTOGRAPHIE DE KENNETH GARRETT

     

     

     

    Le papyrus de Turin est une autre liste royale datant de la même époque que celle de Séthi Ier. Plutôt que d’être gravée dans la pierre, elle est écrite en caractères hiératiques cursifs sur du papyrus et constitue l’une des listes royales les plus précises et complètes, de la Ire à la XIXe dynasties. Cette dernière nomme également Ménès comme le premier pharaon. Des siècles plus tard, des auteurs classiques, tels que l’historien grec Hérodote, du 5e siècle avant notre ère, écrivirent que Ménès avait unifié l’Egypte. Manéthon, prêtre du temple d’Héliopolis au 3e siècle avant notre ère, écrivit une aure source fiable indiquant que Ménès était le premier roi.

    Les égyptologues tentèrent de concilier l’utilisation de ces deux noms. Peut-être s’agissait-il de deux personnes différentes, l’une qui unifia l’Egypte et l’autre qui régna après elle. Ou peut-être Ménès était-il un personnage composite, constitué à partir de la vie et des actes d’autres rois primitifs. L’égyptologue anglais Flinders Petrie proposa la théorie la plus largement acceptée : Narmer et Ménès étaient une seule et même personne. Narmer était le nom du premier pharaon de la Ire dynastie thinite, et Ménès était un titre honorifique, signifiant « celui qui perdure ».

    Il reste difficile de déterminer des détails précis concernant la vie de Narmer. Il aurait été originaire de Hiérakonpolis, et aurait été responsable de l’organisation de la quarantaine de régions de son nouveau royaume unifié, appelées nomes. Il se maria, et le nom de son épouse royale était Neith-Hotep, en référence à une ancienne déesse créatrice, Neith. Narmer construisit également un temple dédié au dieu créateur Ptah à Memphis, une autre cité importante de l’Egypte antique.

     

     

    Les tombes royales d'Abydos. À partir de Narmer, les pharaons des deux premières dynasties d'Egypte furent enterrés dans la nécropole ancestrale d'Oum el-Qa'ab, à Abydos. Ces chambres vides abritaient autrefois les restes de Khasekhemwy, le dernier roi de la IIe dynastie.

    PHOTOGRAPHIE DE KENNETH GARRETT

     

     

     

    Les détails concernant la mort de Narmer sont flous. Des historiens classiques, qui écrivirent des millénaires après sa mort, affirmèrent qu’il fut emporté par un hippopotame. Pour certains égyptologues, il pourrait s’agir d’une figure de style et non d’un hippopotame au sens propre, mais la cause de la mort reste une question ouverte. Narmer décida de faire installer sa tombe dans le sud et fut enterré dans ce qui devint le cimetière royal d’Abydos, où ses ancêtres et ses descendants furent également enterrés.

    La tombe de Narmer est petite, composée de deux chambres souterraines qui suivent la tradition prédynastique de l’architecture funéraire, un style qui s’éteignit avec lui. Sa veuve et son fils (Hor-Aha) furent enterrés dans des tombes plus grandes, et les pharaons suivants dans des structures de plus en plus monumentales : une tradition qui atteignit son apogée avec les pyramides grandioses érigées par les pharaons de l’Ancien Empire.

     

     

     National Geographic

     

     

     


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